Le budget du gouvernement Bayrou n’est que la dernière étape en date de la politique forestière qu’Adret Morvan dénonce depuis sa création, et qui s’est accélérée ces dernières années. À rebours du principe que nous défendons au sein de SOS Forêt, l’écologie c’est la condition, le social la finalité, l’économie le moyen, cette politique ignore totalement l’urgence écologique, contribue au désastre par des mesures antisociales, mobilise les moyens pour le système financier au détriment des écosystèmes.
En juin dernier, vu le “complet décalage” de la France avec les objectifs climatiques, le Haut Conseil pour le climat publiait un rapport titré Relancer l’action climatique face à l’aggravation des impacts et à l’affaiblissement du pilotage2.
Plutôt que de tenir compte des préconisations de cette institution, de la communauté scientifique et des associations écologistes depuis des années, M. Bayrou a choisi de persister, avec des conséquences dramatiques pour la forêt aussi :
- en gelant les dépenses de l’État et de ses ministères, y compris celui de la Transition écologique déjà sous doté, alors que l’urgence, c’est d’investir ;
- en réduisant encore le nombre de fonctionnaires, alors que les forêts ont besoin de moyens humains pour qu’elles contribuent à l’atténuation et non à l’aggravation des changements globaux, tout en fournissant du bois de valeur ;
- en réduisant encore l’accès aux soins et à la médecine du travail, alors que les métiers de l’activité forestière sont parmi les plus dangereux et qu’il faut au contraire en améliorer l’attractivité ;
- en réduisant encore l’accès à la rénovation énergétique des bâtiments, ce qui contraint la population à maintenir, voire augmenter sa consommation d’énergie, alors que nous devons d’urgence réduire nos émissions de CO2 et préserver les forêts de la surexploitation ;
- en appauvrissant encore la population (suppression de jours fériés, gels des prestations, dérembousement de soins…), alors qu’il faut au contraire lui permettre d’acheter des produits dont le coût réel n’est payé ni par notre santé, ni par la planète.
La politique forestière soumise à la rentabilité financière que nous dénonçons depuis une décennie s’est accélérée ces dernières années : plan de « relance » avec 85 % de coupes rases suivies de monocultures, désinvestissement dans les mesures écologiques, vindicte contre l’Office français de la Biodiversité, mais investissements dans des projets industriels pour transformer les forêts en énergie, nomination comme Premier ministre d’un Haut commissaire au Plan méprisant la question forestière3, d’une lobbyiste travaillant pour la filière industrielle à la présidence de l’ONF…
C’est plus que la forêt ne peut supporter. Cette politique doit être bloquée.
Notes
1SOS Forêt France : 16 propositions pour garantir une gestion exemplaire des forêts métropolitaines.
2 Rapport du Haut Conseil pour le Climat : https://www.hautconseilclimat.fr/wp-content/uploads/2025/07/HCC_RA_2025-18.07_web.pdf
3 Voir la réaction de SOS Forêt France à la nomination de François Bayrou à Matignon : François Bayrou, savez-vous que les bords de la forêt reculent ?