La sous-exploitation de la forêt française, présentée comme une analyse valable pour l’ensemble du territoire et comme le principal problème de la filière, nous semble ne pas être une analyse objective ni prospective à l’échelle du temps nécessaire à la gestion forestière durable. De plus on peut déjà constater dans les massifs les plus exploités de graves problèmes d’accès à la ressource pour les petites unités de sciage alors qu’elles sont viables et qu’elles sont les plus créatrices d’emplois au m3 de bois scié.
La forêt française est-elle sous-exploitée ?
- Le postulat d’une sous-exploitation généralisée de la forêt Française qui semble avoir présidé à l’écriture de nombreux articles de la loi est en fait beaucoup plus complexe vu des territoires. Si la surface forestière globale a augmenté depuis 30 ans, la qualité écologique des forêts et la qualité du bois exploité se dégradent. Plus grave, l’interprétation erronée faite en 2009, des données relevées par l’Inventaire forestier national conduit à une préconisation irréaliste en matière d’augmentation de la mobilisation prévue (40 % d’ici 2020). En effet sur le terrain on constate un contraste très fort entre :
– des zones très peu exploitées car les forêts sont inaccessibles et l’exploitation des bois peu rentable ;
– des zones rentables ou très rentables qui sont de plus en plus surexploitées : le rajeunissement de l’âge d’exploitation des peuplements et la baisse du diamètre d’exploitabilité le montrent clairement (1).
L’exploitation prématurée de la ressource dans les massifs les plus rentables ne permet plus d’assurer le maintien du capital forestier. Cette situation crée une dette sur la ressource future qui sera assez rapidement très dommageable économiquement et écologiquement. La nouvelle loi n’apporte pas d’amélioration sur ce point alors que la législation actuelle ne suffit plus.
La surexploitation de certains massifs avec l’installation de grosses unités de sciages ou d’unités moindres mais qui n’ont pas de ressource de proximité engendre une concurrence ravageuse. On constate d’ores et déjà des problèmes d’accès à la ressource résineuse des petites unités de sciage. Elles sont rentables, ont des débouchés, un potentiel d’avenir, sont souvent créatrices d’emplois, (le nombre d’emplois par m3 scié est 5 fois supérieur aux grosses unités), mais elles devront cesser leur activité pour un problème d’accès à la ressource monopolisée par les gros acheteurs.
Un gouvernement responsable devrait prendre des mesures pour limiter la pression sur les forêts et pour garantir l’accès à la ressource des petites unités pour permettre de maintenir ces activités durables, créatrices d’emploi et structurantes pour le territoire
À titre d’exemple entre 2 études, en 2007 et 2011, sur la ressource résineuse en Bourgogne, l’âge majoritaire constaté d’exploitation des résineux est passé
de 50-60 ans à 30-40 ans contraignant
à ramener la prévision du pic de production Bourguignon de 2030 à 2020.