Succès pour la réunion « Ne tombons pas dans le panneau ! »

La réunion organisée par le collectif de Dirol-Germenay avec l’appui d’ADRET-Morvan et de la Confédération Paysanne de la Nièvre (animation), s’est tenue le 24 septembre à Cropigny. Une grosse centaine de personnes ont participé à cette réunion où le collectif Énergie 58, Adret Morvan et la confédération Paysanne ont pu exposer les problèmes posés par le projet de Dirol-Germenay. Les opposants à d’autres projets similaires en cours (Les prés de la Garde – St Pierre-le-Moutier, le collectif contre le projet d’Anthien ainsi qu’Attac et le Gabni (Collectif Nivernais pour une Agriculture Durable), LFI ont pu élargir le propos. Coté élus, Fabien Bazin, le président du Conseil départemental, Sylvain Mathieu, le président du Parc et conseiller régional, Patrice Joly sénateur de la Nièvre et plusieurs maires étaient dans la salle (enfin la stabulation).

Les citoyens étaient donc présents, les différentes interventions assez complémentaires, l’échange avec le public intéressant. Fabien Bazin et Patrice Joly semblent assez réceptifs à nos arguments et conscients de l’enjeu d’une transition énergétique et agricole cohérente.

Compte-rendu réalisé par Dominique Marie Mad ATKINSON

CROPIGNY,
Samedi 24 septembre 2022

En ouverture, Sylvain RATHEAU remercie vivement les gens qui se sont déplacés ainsi que les nombreux élus. Merci également à Nicolas GIROD, porte parole national de la confédération d’être présent parmi nous aujourd’hui.

Interventions

Denis SANCHEZ , élu à la Chambre d’Agriculture où il représente la Confédération paysanne, siège en CDEPNAF (Commission Départementale de Protection des Espaces Naturels Agricoles et Forestiers) qui donne un avis consultatif sur les projets photovoltaïques.

De quoi parle-t-on ? Photovoltaïque ou agri voltaïsme ?

Aujourd’hui, l’ADEME parle d’agri-voltaïsme, qu’elle définit de manière assez large comme une synergie entre agriculture et d’énergie.

Dans la Nièvre, c’est la chambre d’agriculture qui a fait entrer le loup dans la bergerie en votant OUI à l’agri-voltaïsme. Aujourd’hui la chambre a négocié avec les sociétés photovoltaïques pour récupérer 1500€/mégawatt sur chaque projet. L’argent va dans un GUFA (Groupement d’Utilisation de Financements Agricoles). Mais comment ces sommes seront-elles redistribuées ?

D’autre part, les bassines sont-elles toujours d’actualité ?

Il faut faire attention à plusieurs dérives :

1/En allant sur des terres nourricières, la souveraineté alimentaire est en cause.
Par exemple, il faut de 6 à 7 brebis à l’hectare pour vivre comme agriculteur. Sous des panneaux photovoltaïques, on n’en met plus que 4 à l’hectare. De plus, on enlève des céréales pour cultiver du foin ! Donc de 4-5 ou 6 tonnes de blé, soit presque autant de farine, on passe à 120 kg de viande par hectare.
Sur un autre projet, on élève des petites vaches pour qu’elles puissent passer sous les panneaux, au lieu de nos vaches charolaises.

2/Inégalité de traitement engendrée
C’est à dire que les propriétaires exploitants ne laissent plus de place pour des installations foncières pour de jeunes agriculteurs.
Actuellement il y a 59 projets, dont 55 pour 1178 hectares, + 4 projets de taille inconnue.
Projets sur le secteur de Luzy, Anthien, Dirol/Germenay, Vignol, Avril-sur-Loire donc au moins 64 projets en Nièvre.

Régis LINDEPERG, Co-président d’ADRET MORVAN

Adret Morvan est pour les panneaux solaires mais pas sur les terres agricoles, ni dans les forêts. Dans l’avenir nous aurons besoin de toutes les terres agricoles, tous les scénarios sérieux de transition le montrent, il faut donc utiliser les terres déjà artificialisées qui ne manquent pas. Aujourd’hui il n’y a pas de politique globale, on laisse faire le marché alors qu’il faut une politique cohérente maitrisée.

Les scénarios comme Négawatt et d’autres montrent qu’il n’y a pas de solution sans réduction massive des consommations. Si des solutions sont évoquées pour les villes, les campagnes nécessitent une réflexion spécifique. Depuis plusieurs décennies, les ENR augmentent mais les consommations d’énergie fossile aussi. S’il n’y a pas de raisonnement global pour réduire la consommation, on n’y arrivera pas. Il faut un plan et une politique locale forte cohérente.

Il faut également un débat avec les citoyens et développer des projets concrets impliquant les citoyens. Le tout en intégrant tout de suite l’objectif zéro émission en 2050. Sinon on risque de prendre des décisions que nous allons regretter dans le futur comme l’artificialisation de terres agricoles par l’agri-voltaïsme ;

Aline BAUMANN, Secrétaire association LES PRÉS DE LA GARDE

Le collectif a été créé en juillet 2021 suite à l’étude d’un projet portant sur 174h, qui a ensuite été réduit à 50h. Ces terres, terres d’élevage ovin et bovin en prairies naturelles, appartiennent à 2 exploitants qui ne sont pas de la Nièvre. Les rendements sont satisfaisants, mais l’un d’eux a indiqué que « si je le fais c’est pour le pognon ».

Ingrid MICHEL, Présidente association LES PRÉS DE LA GARDE, St Pierre Le Moutier

La Nièvre est une région avec une grande biodiversité, et des paysages. Ces parcs photovoltaïques vont détruire l’aspect paysager car ce sont des usines (grillages, caméras, transformateurs bruyants contenant des produits toxiques, des risques d’incendie accrus avec impossibilité pour les pompiers d’intervenir).

Les riverains sont inquiets, pas de la distance avec les habitations mais il n’y a pas actuellement de loi sur le photovoltaïque. Le projet de 50ha a avorté grâce à l’appui des élus (maire, comcom). Un nouveau promoteur a pris le relais. L’association, avec d’autres associations, a fait un courrier au président de la République sur le sujet. Il faut tous en discuter.

Aline BAUMANN

Il y un fort besoin de concertation, des projets citoyens sont possibles. Aujourd’hui, les riverains sont mis devant le fait accompli, prennent connaissance des projets au moment de l’enquête publique. La loi d’accélération des ENR prévoit de démarrer l’enquête publique lors du dépôt du permis de construire, ce qui limite le temps de réflexion des collectifs et citoyens.

Christiane LACHOT, Collectif ÉNERGIE CITOYENNES 58, Marigny sur Yonne

Lorsque nous avons créé le collectif, on nous a dit : vous n’arriverez à rien, rien ne bouge à Germenay.
Aujourd’hui notre pétition en ligne a recueilli + de 550 signatures, nous avons tous les jours des personnes qui nous contactent. Nous avons reçu le soutien de la Confédération Paysanne, de très nombreuses associations, de plusieurs partis politiques, de EELV, LFI, le PCF, et nous les en remercions. Maintenant nous espérons que les autres partis prendront position rapidement.

Quoi qu’il en soit, nous avançons, et nous ne lâcherons pas. Soyez en certains.

Car nous refusons qu’un grand propriétaire qui vit dans le Massif Central, qu’un industriel danois, et qu’une poignée d’élus locaux aux intérêts privés décident du sort de notre territoire pour 30 ans ou plus. Oui, nous refusons d’être méprisés, ignorés, par ceux qui ont l’habitude de tout décider tout seuls, en petit comité, sans se préoccuper du bien commun. La loi du silence règne trop souvent dans ces communes, parce qu’on n’ose pas déplaire à Monsieur le maire, parce qu’on a l’habitude de laisser les autres décider, parce qu’il y a des pressions, des intimidations. Ce n’est pas tolérable.

Alors oui, quelques communes ont voté le projet en conseil municipal, dans un cadre réglementaire, comme Corbigny qui a voté CONTRE, et c’est le plus gros bourg du coin. Mais est-ce suffisant ? On ne parle pas ici d’un banc ou de 2 lampadaires, on parle de 73.000 panneaux photovoltaïques, d’un permis de construire de 150 hectares. A ce propos, on s’interroge fortement : le projet n’est censé porter que sur 75 hectares, alors pourquoi un permis de 150 hectares est-il demandé ? Est-ce pour doubler la surface de panneaux dans quelques temps ? Mystère ….

Quoi qu’il en soit, à la place de notre belle campagne de bocages, on prévoit un site industriel grand comme 75 ou 150 stades de football, ornementé de grillages et caméras de surveillance …

C’est cela que l’on veut pour nos enfants, nos petits enfants ?

Je vous rappelle qu’il y a des maisons en bordure du site, qu’il y a des hameaux qui font face au site. Est-ce que les personnes qui refusent le projet ne comptent pour rien ? Est-ce que les personnes des villages traversés qui vont supporter des dizaines de camions qui vont circuler, pour le chantier, pour transporter du fourrage dans d’autres régions de France, voire en Belgique, ce qui semble complètement absurde d’un point de vue économique et écologique, ne comptent pour rien ? Une autre grande inconnue est la traversée des villages par les engins de chantier (Dirol, Marigny, Monceaux ?). Est-ce que les routes et les ponts pourront supporter ce trafic ? Est-ce que ceux dont les maisons vont perdre leur valeur ne comptent pour rien ?

J’ajoute que nous sommes inquiets pour la sécurité autour du site. Cela ne vous a pas échappé, les incendies se multiplient en France l’été. Or des panneaux électriques et une culture de fourrage, c’est un risque supplémentaire évident. L’industriel a d’ailleurs prévu 3 énormes réserves d’eau sur place, c’est dire !

Alors oui, je m’adresse à vous, grands élus, ici présents, je vous demande de prendre nos préoccupations et notre colère au sérieux. Nous ne sommes pas contre les énergies renouvelables, bien au contraire. Mais nous disons NON au choix qui consiste à installer des panneaux sur nos terres agricoles. Des centaines d’hectares de friches industrielles, parkings, toitures, sont disponibles dans la Nièvre pour des projets solaires. C’est là que doivent se faire les installations, et pas ailleurs, n’en déplaise aux industriels et grands investisseurs qui recherchent un maximum de rentabilité. Cela demande sans doute de travailler un peu plus, de planifier, d’orienter les projets, mais l’avenir de notre beau territoire est en jeu. C’est possible, c’est indispensable. Nous résistons, nous appelons chacun à se mobiliser. Faisons les bons choix avant qu’il ne soit trop tard. »

Sylvain RATHEAU, Président association d’opposition au voltaïque Anthien, Paysan syndiqué à la confédération paysanne

D’accord, il faut comprendre que certains paysans ont des problèmes financiers, mais ce qu’on leur propose ce n’est plus de l’agriculture. Ce sont les financiers qui veulent imposer ce schéma d’agri-voltaïsme.

Questions/Réponses

Q: Comment le projet de St Pierre le Moutier a t il pu être rejeté ?

R Aline Baummann et Ingrid Michel :

Il n’y a pas de solution miracle. On s’est mobilisé dès la connaissance du projet. On a informé le maire, le président de la com com, courriers aux élus. Le JDC a publié un article. On a également vu le président de la chambre d’agriculture. La commune était opposée au projet, elle a voté CONTRE. Il faut faire du bruit le plus rapidement possible. Pas de réponse des politiques à notre courrier.

Sabine ENDERS, ATTAC

ATTAC est l’association pour la taxation des transactions financières des multinationales, qui sont des champions de l’évasion fiscale. Et c’est cet aspect qui est très important pour le sujet qui nous préoccupe aujourd’hui. Ces multinationales sont les premières responsables du dérèglement climatique, et ironie, ce sont elles qui proposent des projets de « transition verte ». Sauf que leur objectif est de faire du pognon. En utilisant le terme d’agri-voltaïsme, on veut faire croire à une complémentarité entre agriculture et énergie, mais cela n’est qu’illusion.

« L’énergie solaire a plein d’avantages, nous l’exploitons pour que le soleil brille pour tout le monde » dixit EUROPEAN ENERGY sur son site allemand !

Q: Témoignage d’un habitant

Tout d’abord à propos du parc photovoltaïque de Verneuil, le bruit est infernal. Et sous les panneaux, il n’y a plus d’herbe ! Concernant le projet de Germenay & Dirol, petit rappel historique. Avant 1971 le terrain était recouvert de forêt. Après le déboisement, la production a été en chute libre. Le propriétaire a donc pratiqué le drainage. Aujourd’hui, c’est une SCEA qui siège à Clermont Ferrand qui gère à distance. Les terres ne rapportant pas assez au chef d’entreprise il a décidé de mettre des panneaux photovoltaïques.

Avec les agriculteurs du coin une CUMA a été créée, et la SCEA doit rembourser de l’argent à la CUMA pour l’investissement de matériel agricole qu’elle n’utilisera plus avec le changement d’activité. Aujourd’hui qui est adhérent à cette CUMA ? Des élus de la commune de Germenay.

Pierre KALUSNY, Collectif Nivernais pour une Agriculture Durable, rassemble plusieurs associations (Les 3 Prés, Loire Vivante, le GABNi, La confédération paysanne, etc.), Siège en CDEPNAF (Commission Départementale de Protection des Espaces Naturels Agricoles et Forestiers) qui donne un avis consultatif sur les projets photovoltaïques.

Dans tous ces projets, il y a une gabegie énergétique, avec une grande consommation de pétrole, de gaz, d’énergies renouvelables … qui vont entraîner une industrialisation des campagnes.

Va-t-on vers une transformation de l’agriculture ?

Le scénario NEGAWATT s’appuie, lui, sur une programmation pluriannuelle dans laquelle il n’y a pas ou très peu de terres agricoles consommées pour y mettre du photovoltaïque. Le photovoltaïsme ne devrait pas se faire sur des terres agricoles. Il faut aller vers la sobriété, voire la décroissance.

Nicolas SMILEVITCH, Maire de Brinon sur Beuvron, Adhérent LFI

Il y a une vraie pression des entreprises de l’éolien sur les maires pour installer du photovoltaïque. Et ces propositions font écho car il y a une baisse des dotations pour les communes. Les communes ont besoin d’argent,  mais on veut des dotations de l’état et non des installations photovoltaïques.

Marie-Anne GUILLEMAIN, LFI

M. MACRON a dit qu’il faut accélérer sur les énergies renouvelables, mais il faut plutôt isoler les bâtiments. Et la région n’a pas beaucoup parlé sur ce sujet.

Bruno LALLOZ, Maire de Challement

Si en 1971, il y avait 65h de forêts, aujourd’hui il n’y a plus d’eau sur le site du Bouillon à Germenay. On dit qu’il faut augmenter la production d’énergie de 40%. Mais comment va-t-on faire pour continuer à allumer les ampoules ?

Catherine MALCOR, Association TRONÇAIS RURALITE ENVIRONNEMENT, Cérilly, Allier

Mêmes problèmes dans l’Allier, pays de bocages. Il y a un projet de 24 ha près de la forêt du Tronçais. Les projets se multiplient pour proposer aux agriculteurs d’améliorer leurs revenus. Il faut lutter très vite, mais on pêche par manque de coordination et d’union entre les départements.

Cathy BOUFFARTIGUE

Petite précision, dans la Nièvre on a la chance que les projets photovoltaïques soient saisis en CDEPNAF, ce qui n’est pas le cas d’autres départements. Autre précision, il y a parfois un abus de langage quand on parle de friches. Les friches dans un milieu environnemental ont une valeur, mais dans ce contexte il s’agit de friches industrielles.

Régis LINDEPERG, Co-président d’ADRET MORVAN

D’une part, il y a une enquête publique en cours, et il est important de donner son avis, soit par Internet, soit directement en mairie. D’autre part, le président du département, les représentants, ont voté CONTRE le projet. On aimerait savoir pourquoi et si une contribution du département est prévue à l’enquête publique.

Fabien BAZIN, Président du Conseil départemental

En réponse à Régis LINDEPERG

Nous vivons un moment très particulier, et nous sommes face à des enjeux considérables.

On a un outil départemental qui doit fonctionner, le SIEEN (Syndicat d’Electrification de la Nièvre), pour déployer un plan à 10 ans de développement des énergies renouvelables. Avec ça, on sera capable de proposer une alternative à l’agrivoltaïsme tel qu’il existe. Car si on y va en ordre dispersé, 1 fois sur 2, sur 3 ou sur 4 on va gagner mais à la fin on perd car on n’a pas la stratégie partagée.

Dans la Nièvre, nous avons initié le projet « IMAGINE LA NIÈVRE », 3000 personnes ont été consultées et les gens ont indiqué que pour les 5 prochaines années, ils voulaient du 100% local et du 100% renouvelable.

Cela a entraîné 444 propositions. Concrètement, cela veut dire, entre autres, 28.000 ombrières à Magny-Cours, ainsi que 54% de consommation en renouvelable dans 5 collèges du département.

Pour 2023 la discussion va être renouvelée avec la jeunesse.

Il y a d’autre part, une commande de plan à 10 ans sur l’énergie renouvelable car il faut une stratégie partagée. Ce sujet est très important.

Pour répondre à Régis, il faut qu’on ait le plan pour être crédibles, sinon c’est pris comme des propositions a priori, idéologiques et stratégiquement ça ne permet pas d’atteindre l’objectif donc on va contribuer (à l’enquête publique) pour montrer tout l’intérêt, qu’on a bien identifié le sujet mais en renvoyant à ce document, à cette stratégie qu’il faudra qu’on partage tous ensemble.

Bruno LALLOZ, Maire de Challement

Depuis que la forêt a disparu, l’hygrométrie a disparu.

Il faut replanter des arbres.

Cathy BOUFFARTIGUE, Confédération paysanne

Beaucoup de mairies sont concernées par la consultation sur le sujet : Anthien, Asnan, Challement, Chaumot, Chitry les Mines, Corbigny, Flez-Cuzy, Hery, Lys, Marigny sur Yonne, Moissy Moulinot, Monceau le Comte, Moraches, Pazy, Ruages, Saint Didier, Saisy, Talon, Tannay, Vignol et la com com de Tannay-Brinon-Corbigny. Et il est important que les mairies se positionnent car si pas de position cela vaut accord tacite pour le projet.

Sylvain MATHIEU, Conseil régional en charge des forêts de la filière bois et de la montagne

En réponse à Marie-Anne GUILLEMAIN

Le Conseil régional n’a pas attendu la crise actuelle pour se préoccuper de la question énergétique. Dans la mandature 2016-2021 la région avait déjà la fibre écologique, car la présidente de région Marie-Guite DUFAY a une véritable conscience écologique. Pour la mandature 2021-2028, nous l’aurons encore plus puisqu’il y a des élus écologistes au sein de la majorité régionale.

Il n’y a pas de réponse simple à un problème complexe. Notre mode de vie a besoin d’énergie et c’est là le premier problème. Il n’est pas possible de faire une utilisation illimitée de ressources limitées.

L’axe prioritaire de la région est EFFILOGIS, programme régional dédié aux économies d’énergie dans le logement. Les objectifs du SRADDET (Schéma régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Equilibre du Territoire) sont une autonomie énergétique en 2050 (= produire autant que ce que l’on consomme, au sein d’un système interconnecté national et européen).

En ce qui concerne le photovoltaïque en plein champs, nous n’avons pas d’opposition de principe.

Mais tout dépend des conditions de réalisation du projet : à qui cela profite-t-il ? Est-ce que les populations locales sont associées au projet ? Quels sont ses impacts sur la production agricole, le paysage, l’eau, la biodiversité ? Par exemple le Parc naturel régional du Morvan a mis au point une grille d’analyse qui prend en compte tous ces aspects.

Extrait du SRADDET (p 96) :

Les énergies renouvelables produisant de l’électricité : Les filières électriques telles que l’éolien, le solaire photovoltaïque, voire la micro-hydroélectricité sur les seuils existants, sont à développer pour atteindre les objectifs fixés. Le potentiel éolien et photovoltaïque est important en Bourgogne-Franche-Comté. S’appuyant sur l’étude « Un mix électrique 100 % renouvelable ? Analyses et optimisations » de l’ADEME, publiée en octobre 2015, les objectifs proposés pour le développement du photovoltaïque sont importants. En effet, le scénario régional table sur une augmentation très marquée de la production photovoltaïque et cible un objectif de capacité installée de 3 800 MW en 2030 et 10 800 MW en 2050, conséquence d’une baisse spectaculaire des coûts d’installation, de l’absence de réelles contraintes sur la majorité des surfaces disponibles et des gisements théoriques de la Bourgogne-Franche-Comté. La répartition entre le développement du photovoltaïque en toitures ou au sol reste évolutive ; elle se fera au regard de la PPE et de l’acceptation des projets. Le scénario – tout comme les appels d’offres prévus par la PPE – favorise pour les installations au sol, les terrains urbanisés ou dégradés, les friches, les bordures d’autoroutes ou les parkings tout en maintenant des exigences élevées sur les sols agricoles et l’absence de déforestation.

Patrice JOLY, Sénateur de la Nièvre

La période est particulière et il y a des révolutions à faire. Il faut donc amener les citoyens à partager ces sujets. En ce qui concerne l’agrivoltaïsme, il n’y a pas de vraie définition avec une réponse juridique, seulement une définition de l’ADEME. Il serait important qu’il y ait des garanties sur les rendements. Il faut aussi une adaptation de l’agriculture au changement climatique.

Il y a eu des projets d’installation de bassines pour ne rien changer. Mais la question est de savoir comment on peut adapter une production agricole avec une agriculture moins fragile.

D’autre part, qui doit être responsable de l’énergie ? Le public ou le privé ? Il faut une reconstruction du pôle énergétique public.

Autre sujet, celui de l’accaparement : il ne faut pas de captation privée mais des retombées locales. Il faut continuer à réfléchir et à partager.

Au Sénat, la résolution LR n’a pas été votée par Patrice JOLY. Actuellement il n’ y a pas de loi sur l’agrivoltaïsme mais il va y avoir un texte sur les énergies renouvelables.

Nicolas GIROD, Porte-parole national de la Confédération paysanne & Paysan du Jura 

Nicolas Girod, porte-parole national de la Confédération paysanne

La Nièvre semble être un département pilote pour l’agrivoltaïsme et des travaux sont menés au Sénat sur ce sujet. C’est un enjeu énorme, il faut donc une forte mobilisation. Car pour répondre aux demandes, il y aurait 60% de panneaux sur sol et 40% sur toitures.

Actuellement, il y a 450 000 hectares déjà artificialisés (locaux commerciaux, usines, …). La confédération est absolument défavorable aux installations au sol, car on peut en mettre partout ailleurs.

En ce qui concerne la sobriété, elle est déjà présente à la confédération. Les revenus agricoles sont catastrophiques, donc si le paysan est au bord du trou, il va accepter les propositions. On ne veut pas de complément de revenus mais un vrai revenu paysan. Actuellement les paysans et les paysannes sont abandonnés. Après on réfléchira aux panneaux sur les fermes.

D’autre part, il y a des difficultés suite aux différentes crises. Une prise de conscience est donc importante mais il faut aussi réfléchir aux conséquences des décisions prises. Par exemple, l’ombre générée par un panneau et celle générée par un arbre sont totalement différentes pour le sol. L’installation de panneaux est une perte d’autonomie pour les paysans et une dépendance aux entreprises d‘énergie.

Une lettre au président MACRON a été envoyée lui disant « Ne tombez pas dans le panneau de l’agrovoltaïsme »

Le résultat est que l’on va industrialiser certaines productions agricoles. La confédération paysanne dit : Pas de panneaux sur les zones agricoles. Et il ne faut pas construire des bâtiments uniquement pour y mettre des panneaux photovoltaïques.

Lucile Champagne, Porte-parole de la confédération paysanne de la Nièvre

Remercie et clôt les échanges et invite à poursuive la journée avec les différentes animations proposées et le repas.

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