Erscia c’est une logique qui conduit à la monoculture industrielle bas de gamme en vue de produire de la biomasse en quantité au détriment de l’avenir. C’est aussi pour la filière bois une concurrence déloyale qui va déstabiliser le marché grâce aux bonus de l’électricité « verte », qui entrainera la faillite, même au-delà des scieries, de ceux qui sont en concurrence pour la même ressource. D’ailleurs, Erscia, face aux protestations de la filière, après avoir indiqué s’installer au pied de la ressource, indique dans le dossier vouloir s’approvisionner essentiellement dans un cercle de 300 km, puis resserrer ses circuits d’approvisionnement sur le Morvan dans les années à venir. Curieux de vouloir s’approvisionner dans le Morvan au moment où la ressource faiblit ! Sauf si les concurrents ont déposé le bilan d’ici là…

Erscia aggravera la pression sur la ressource et détruira de l’emploi

Les études synthétisées dans les publications du Parc naturel du Morvan montrent que dès 2020, sans compter l’implantation d’Erscia, la ressource sera inférieure aux capacités de sciage.
Implanter Erscia est à la fois destructeur pour la forêt et irrationnel économiquement. À partir de 2020, des scieries (et pas seulement les petites) devront disparaître. L’exploitation industrielle de la forêt nous conduit à une baisse de la ressource maintenant inexorable à partir de 2020 pour aller vers un trou de production de 30 à 40 ans… Chacun sait que l’étalement des coupes est la seule solution pour atténuer l’incidence du choc économique, écologique et social qui se prépare. Plus on incitera aux coupes avec des capacités de sciage élevées, plus le phénomène sera violent, notamment en termes d’emplois, et ce dès 2020.

La dégradation de l’écologie forestière sera importante

Malgré les recommandations du parc, la forêt du Morvan est gérée comme un placement boursier qui doit rapporter le maximum, quelles que soient les conséquences pour l’avenir.

L’enrésinement va continuer à progresser au détriment des feuillus, considérés comme pas assez rentables. Pourtant, une gestion responsable des feuillus peut être rentable comme le prouve le groupement forestier d’Autun Morvan Écologie et quelques propriétaires responsables. Certains spécialistes affirment même qu’à l’avenir la valeur ajoutée sera apportée par les feuillus et non par des résineux bas de gamme en concurrence avec ceux produits par les pays nordiques, beaucoup plus faciles à exploiter.

Les sols, acidifiés par les résineux et par une rotation trop rapide, vont s’appauvrir comme le montre également la littérature du Parc. Ce processus sera aggravé par le retrait des déchets de sylviculture des forêts qui vont finir dans les fours d’Erscia au lieu de se dégrader sur place pour enrichir le sol. Faudra-t-il, comme dans certains pays du nord, être contraint de procéder à des apports d’engrais par hélicoptères pour maintenir la production à un niveau assez rentable ?

Le Morvan sera dévasté, son écologie et sa biodiversité déséquilibrées, ses paysages ravagés, l’avenir de nos enfants compromis…

Erscia aggraverait la situation, et surtout, rendrait irréversible la monoculture industrielle à rotation courte… il faudrait bien continuer d’alimenter les fours !

Les politiques le savent mais n’en tiennent pas compte

Les études ont été faites, le comité scientifique du parc a défini des orientations, des rapports à des spécialistes ont été commandés (certains sont aujourd’hui gardés secrets) qui confirment nos analyses, par ailleurs très proches de celle du parc.
D’une main nos élus signent la charte forestière du Morvan soucieuse d’un développement local équilibré de la filière bois ainsi que d’une gestion saine de la ressource, et de l’autre les mêmes soutiennent l’implantation d’Erscia qui est à l’opposé de toutes les recommandations de la charte.

Quant à la logique qui consiste à créer de l’emploi en 2015 tout en sachant qu’il contribuera à en supprimer plus vite et plus fort dès 2020, elle nous dépasse un peu… sauf si la seule projection dans l’avenir dont ils sont capables est d’au maximum un mandat électoral…