Le Gland d’or 2025 de la pire coupe rase du Morvan a été décerné au bois des Garennes (Brion, Saône-et-Loire), à l’issue d’une cérémonie qui s’est déroulée dans un cinéma de Luzy plus que comble. Le prix du public a été décerné à une écrasante majorité à la coupe de la Fontaine Saint Marc (Dun-les-Places, Nièvre).

Le grand talent des comédiens qui ont assuré la présentation, Marie-Julie et Olivier (compagnie Trash Harmonie, basée à Millay), a permis au public de réussir à rire du désastre pendant la succession des vidéos des coupes rases nominées. Ils ont aussi conçu les textes de présentation des “œuvres” que nous reproduisons ci-dessous avec le palmarès complet.

Cette super production est assurément un blog buster, récompensé pour l’ingéniosité de l’équipe décoration.
Elle a su, pour le plan final remarquable de Le Bois et le Garenne, transformer le plateau de 15 hectares forestier en un champ de bataille criant de réalisme.
L’esthétique léchée de son terrain en pente, la délicatesse de ses ruisseaux sont la signature d’une équipe déco avec qui assurément il va falloir compter. Cette collaboration est- elle la promesse d’un second opus ?

Entièrement tourné sur un site patrimonial gaulois, cette œuvre est un éblouissement. Grace aux soutiens et à la ténacité d’une équipe soudée, La fontaine s’est vu offrir un plateau de 15 hectares de décors naturels splendides et rares. Grâce a une kyrielle de soins et de prouesses, cet oppidum s’est vu totalement transformé : ce site historique est devenu comme par magie un circuit d’ornières et de chemins défoncés. Et ce qui frappe, c’est la force du propos dystopique magnifié par la sauvegarde de la fontaine, de sa statue et des panneaux d’indications touristiques. Ici, on applaudit le fait que l’équipe déco ait su transmettre le message de La Fontaine sans jamais avoir recours aux effets spéciaux numériques.

Avec Le Vernet fait place nette, il nous est offert, encore une fois, un classique du genre. On peut noter que malgré des débuts chaotiques, tout a été mené d’une main de maître auprès de l’équipe internationale et ses possibles divergences culturelles pour aller vers une vision commune. Avec Le Vernet fait place nette, on assiste à une authentique destruction de feuillus et de chemins environnants ainsi qu’a une belle qualité d’ornièrages.

Carrouge est dans le rouge est un drame financier haletant, On y suit Pierre, fier de sa profession de contrôleur d’état chargé dans la région du respect des sites classés. Un jour il n’a plus les moyens de ses objectifs et se trouve contraint de traiter directement avec une obscure société. Pierre se bat contre tous. Ce scénario ouvre le questionnement des juges et partie, des déplacements des droits et des devoirs.

Cette œuvre radicale signe le second opus du diptyque intransigeant Pas d’éloges aux loges. Dans Rendre gorge aux Loges, il n’est, cette fois encore, pas question de renoncer à l’éradication de feuillus pour pouvoir faire place aux résineux qui semblent être affectionnés tout particulièrement. Rendre gorge aux loges a été récompensé pour sa technique infaillible et définitive qui vient renforcer un scénario fragmentaire dont l’ampleur du propos ne nous est révélé qu’au plan final.

L’évènement a aussi permis à celles et ceux qui ne connaissaient pas le détail des effets dévastateurs des coupes rases d’engranger des arguments pour convaincre autour d’eux de l’impérieuse nécessité de mettre fin à cette pratique écocidaire, grâce à l’intervention de Philippe Canal, forestier dans la Nièvre et représentant du Snupfen-Solidaires, le syndicat majoritaire à l’ONF. Le public a aussi eu connaissance de quelques chiffres sur les coupes rases en Morvan, avec Céline Lesot, de l’association Canopée.

Les glands :
création de Marie-Anne Guillemain, céramiste aux Ateliers du renard volant.