La société allemande Enertag, qui projetait d’installer une centrale photovoltaïque à Saint-Martin-du-Puy, a renoncé face à la mobilisation des habitants du village, déterminés à protéger la vocation agricole des 51 hectares de prés concernés, la biodiversité mise en danger par ces installations et les paysages de leur commune. Adret Morvan est heureuse d’avoir partagé son expertise avec le collectif de Saint-Martin pour aboutir à cette victoire.
Le 17 avril 2025, nous apprenions que l’État français, face à la surproduction électrique, mettait à l’arrêt des éoliennes et des parcs solaires, moyennant une importante compensation financière pour les producteurs. Pendant ce temps, les projets d’installation de centrales photovoltaïques dans des espaces agricoles continuent de se multiplier. Ainsi la société allemande Enertag a jeté son dévolu, il y a un an, sur le village de Saint-Martin-du-Puy, commune de trois cents habitants du nord du Morvan.
C’est par une brochure à l’en-tête bucolique et à la police d’écriture désuète, sans doute censée faire plus “proche des campagnards”, que les habitants de Saint-Martin-du-puy ont été informé du projet. La société Enertag y promeut les bienfaits agricoles, énergétiques et financiers de la centrale qu’elle projette de construire au lieu-dit du “Fourlot”.

Cette brochure laisse également la parole au maire de la commune, à laquelle l’exploitation du parc devrait rapporter “environ” 28 326 euros par an, et présente un portrait idyllique de la jeune éleveuse de moutons concernée, tout en omettant de préciser qu’elle aussi touchera des subsides de l’exploitation en question. Même si nous comprenons le désir de l’éleveuse de s’installer dans son village, nous déplorons surtout que l’acquisition ou la location de terres soient tellement difficiles à trouver pour les jeunes agriculteur·ices. En conséquence, ceux-ci sont des proies faciles pour ces promoteurs et cautionnent en s’y installant la réalisation de ces centrales photovoltaïques.
Bien loin de l’image bucolique de sa brochure, il a suffit à des habitant·es, constitué·es pour l’occasion en collectif, de consulter le site internet d’Enertag pour voir la réalité de ses installations :

…et aussi de constater que la brochure minimise la taille du projet de Saint-Martin. Alors qu’elle annonce prévoir entre 7 et 9 hectares de panneaux dans un périmètre de 51 hectares, le site Internet d’Enertrag indique que ses projets agrivoltaïques sont d’au minimum de 10 hectares (voir photos) et le parc solaire serait visible de loin, même des plus hautes fenêtres du château de Vésigneux inscrit au titre des monuments historiques depuis le 10 juillet 2012.


Bien que prévenus très tardivement, les membres du collectif de Saint-Martin se sont informés sur l’agrivoltaïsme, ont pris contact avec Adret Morvan. Nous avons partagé notre expertise et après plusieurs rencontres, le collectif a annoncé son intention de se constituer en association pour obtenir l’abandon du projet. Cette détermination a payé : le 9 mai dernier, l’industriel a annoncé qu’il renonçait à recouvrir les prés de Saint-Martin de panneaux photovoltaïques.
Nous fêterons cette victoire avec les membres du collectif de Saint-Martin-du-Puy le 1er juin à partir de 10h au Carrouège. Venez ! Plus les expériences seront partagées, mieux nous serons armés pour défendre la biodiversité des milieux naturels, des forêts et des terres agricoles qui sont aussi nos lieux de vie.