L’enquête publique sur la centrale solaire de Germenay/Dirol (Nièvre) va s’ouvrir du 19 septembre au 20 octobre. Ce projet prévoit d’installer 73 000 panneaux photovoltaïques, 15 transformateurs électriques, 15 onduleurs sur 75 hectares de terres agricoles… À la place de notre belle campagne de bocages, imaginons un site industriel grand comme 75 stades de football avec grillages et caméras de surveillance… Et ceci pour une durée minimale de 30 ans !
Au-delà des arguments développés dans cette pétition, nous souhaitons élargir aussi le propos. En effet, même si nous sommes pour les énergies renouvelables, nous sommes aussi pour la préservation des sols agricoles et des forêts qui nous seront très utiles dans ce contexte de changement climatique.
La direction prise actuellement sur les questions énergétiques n’a aucune cohérence. Laisser le marché gérer le déploiement des ENR sans contraintes n’aboutira à rien d’efficace si ce n’est à augmenter la consommation comme le montre les études. Décarboner la société d’ici 2050 (zéro émission en 2050) est impossible sans repenser notre façon de consommer et d’organiser de la société. On appellera ça de la décroissance, de la sobriété, de la récession, de l’adaptation, de la transition, de la bifurcation mais c’est physique et démontré, la substitution des combustibles fossiles ne peut se faire sans une réduction massive des consommations.
Les politiques qui expliquent que la technologie nous permettra , à elle seule, de trouver des solutions adaptées dans les délais impartis sont des menteurs, des incompétents ou des irresponsables.
Cette réduction nécessite une organisation nationale mais aussi locale pour planifier la transition. Il est probable en effet que les terres agricoles seront de plus en plus nécessaire pour pallier la baisse des rendements agricoles dûs au changement climatique, l’impact de l’abandon des engrais chimiques, l’épuisement des sols dû à l’industrialisation… Par ailleurs, les objectifs de stockage du carbone sur les sols agricoles (en retard selon le haut conseil pour le climat) ne peuvent être obtenus en continuant d’artificialiser les sols. De plus ces terres seront probablement nécessaire pour produire un peu de carburant végétal pour palier, in fine, en fin de transition, certains usages très difficiles à substituer. Préserver les terres est donc une priorité pour l’avenir et le solaire doit être déployé en priorité sur les terrains déjà artificialisés, même si la rentabilité économique est moindre.
Cette bifurcation ne peut se faire sans organiser la société pour réduire les inégalités sociales qui sont aussi des inégalités d’émission de carbone. La redistribution de la richesse avec des dispositifs permettant de compenser les contraintes de la transition (tout le contraire de la prime à la pompe actuelle) est indispensable pour permettre aux plus pauvres de s’adapter et contraindre les plus riches à diminuer leurs émissions. En France, les 1% les plus riches ont une empreinte carbone 66 fois plus élevée que les 10% les plus pauvres (Étude Greenpace/Carbone 4).
Malgré les efforts du département pour tenter de planifier la transition, les effets ne se font guère sentir sur ce type de projet…
En savoir plus
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