Parlons d’emploi

L’implantation de cet incinérateur orienterait de manière irréversible le mode de développement de la communauté de communes. Un tel virage, qui influerait sur le mode de vie de
toute la région, doit-il être pris sans débat et sans concertation, comme c’est le cas ? Nous
ne le pensons pas.

Une incidence négative sur les composantes
de la population

En effet, la baisse démographique, due à l’exode rural, a été en partie compensée dans notre
région par l’implantation de nouveaux venus, dont effectivement une part de retraités, stigmatisés
aujourd’hui par les élus, mais aussi d’un certain nombre d’actifs. Ce poumon vert qu’est encore le
Morvan, à quelques heures de Paris, attire nombre de résidents temporaires qui contribuent de façon
sensible à la vitalité des commerces et de l’artisanat. Un territoire peut-il mettre de côté une partie de
sa population ? Chaque habitant, quelles que soient ses origines et son activité, est partie intégrante
d’un territoire et contribue à sa richesse, en préservant sa diversité et en fortifiant son dynamisme.
Effectivement, parmi eux, nombreux sont ceux qui ont fui la pollution et qui se sont installés ici à la
recherche d’une meilleure qualité environnementale ; mais jusqu’à quand ?
L’incinérateur sera très polluant et nous le réaffirmons clairement. Le modèle industriel et polluant
que l’on nous impose sans débat, va bien évidemment conduire à faire fuir ou freiner l’arrivée d’une
partie non négligeable de cette population, impactant ainsi négativement l’économie locale.

La baisse de la qualité de la vie et la circulation de
camions auront, comme en Belgique, une incidence sur le
commerce à Corbigny

La pollution aura un impact très fort sur l’air, l’eau et sur la terre jusqu’à Corbigny et un impact très
sensible aux alentours de 10-15 km, détectable jusqu’à 30 km dans les zones préservées d’autres
sources polluantes (métaux lourds dioxine notamment) via la cheminée haute de 50 m (18 étages) et
de 2 m de diamètre. L’eau de la rivière en aval ne sera plus vivable pour les poissons et probablement
colonisée par les algues vertes.
Le trafic des camions dans Corbigny va rendre la vie des habitants très difficile. Nos élus font comme
si ces 170 camions jours n’existaient pas ! (1 camion toutes les 4 minutes ! basé sur une ouverture
du site de 12 heures/jour). Ces chiffres sont directement issus du dossier et des calculs de la société
Erscia. Nous pensons qu’ils sont largement sous-évalués.
Un exemple : la réunion en préfecture a montré que la construction ou la rénovation de la voie ferrée
n’est pas du tout garantie par le projet alors qu’elle est prise en compte pour minimiser le calcul du
trafic routier … Lorsque, comme en Belgique, les accidents avec les personnes âgées et les enfants se
multiplieront*, les élus seront seuls face à leurs responsabilités.
Il est inimaginable que ces nuisances directes n’aient pas d’incidence sur la démographie, impactant
négativement l’économie locale. À Burtonville (Belgique), l’implantation d’IBV (usine proche de la
nôtre) avec son trafic induit a provoqué la ruine du centre commerçant du village.

Les incidences économiques risquent d’être très graves en cas
d’accident.

Le décret autorise, en cas d’accident, un rejet sans filtration pendant 60 h par an, soit un total de 12 000 fois
la maximale annuelle autorisée ! Dans une telle hypothèse, les rejets deviennent comparables aux cas les
plus graves avec une incidence avérée sur la santé humaine, sur le bétail, sur l’agriculture… et donc à très fort
impact économique et social.

À contrario les créations d’emplois sont visiblement surévaluées

Fruytier qui était candidat sur le site en 2007, évoquait aussi 120 emplois, finalement installé à La-
Roche-en-Bresnil, il en a créé 50 à ce jour.
Les ratios évoqués dans les textes publiés par le parc conduisent à 80 emplois maximum… (voir
brève ci-contre «extrait de la charte forestière 2012-2015).

Beaucoup plus grave, l’incinérateur crée très peu d’emplois et la
partie scierie n’a pas d’avenir durable.

Les études synthétisées dans les publications du Parc naturel du Morvan montrent que dès 2020,
sans compter l’implantation d’Erscia, la ressource sera inférieure aux capacités de sciage.
Implanter Erscia est à la fois destructeur pour la forêt et irrationnel économiquement. À partir de 2020, des
scieries (et pas seulement les petites) devront disparaître. L’exploitation industrielle de la forêt nous conduit
à une baisse de la ressource maintenant inexorable à partir de 2020 pour aller vers un trou de production de
30 à 40 ans… Chacun sait que l’étalement des coupes est la seule solution pour atténuer l’incidence du choc
économique, écologique et social qui se prépare. Plus on incitera aux coupes avec des capacités de sciage
élevées, plus le phénomène sera violent, notamment en termes d’emplois, et ce dès 2020.
Face aux critiques des professionnels du bois, M. Jacob (PDG d’Erscia), après avoir indiqué qu’il s’installait
au pied de la ressource (journal du centre en 2010), avance maintenant un prélèvement dans le Morvan
de 4 % et le reste dans un périmètre de 300 km, notamment en Auvergne, région citée plusieurs fois par
M. Jacob à la réunion chez le préfet. Incohérence totale car pour qu’une telle unité soit viable, il lui faut la
garantie d’un approvisionnement pérenne dans un rayon de 100 km maximum. (Audit sur les forêts du
Massif Central de janvier 2012).
Par ailleurs, le coût de transport, qui risque d’exploser dans les années à venir, ne peut qu’aggraver ce
phénomène.
Conclusion : Implanter cette usine provoquerait la destruction inéluctable d’emplois vers 2020 dans la
filière bois. Pas grave pour M. Jacob qui affirme que «Le bois résineux correspondant aux qualités requises
pour les produits finaux de la scierie Erscia France sera en quantité largement suffisante pour la durée
d’amortissement de l’usine» (gens du Morvan 28 avril 2012)! Et après ?

« Aucune étude d’impact sur l’emploi (création /destruction) n’a
été faite », nous a-t-on confirmé lors de la réunion en préfecture !

Tout se passe comme si le mot « emploi » empêchait nos élus de réfléchir. Pourtant, l’étude du
dossier montre que les créations seront inférieures aux chiffres avancés et que, parallèlement, un
tel projet en détruira dans d’autres domaines. Mais personne ne songe à engager une étude sérieuse
sur le sujet ! Une telle légèreté nous semble condamnable pour un projet dont les générations futures
subiront les conséquences et paieront de leur santé les nuisances.

Vers un projet payé par le contribuable à 90 % !

Les chiffres diffusés par l’entreprise avancent un total de subventions avoisinant les 15 %.
Sauf qu’il est maintenant de notoriété publique que M. Jacob n’a pas obtenu les financements privés
qu’il escomptait. Même les banquiers ne croient pas au projet…! Qu’à cela ne tienne, M. Jacob a déposé
au début de l’été une demande de subvention de 75 % du projet dans le cadre des « grands projets
européens » ! 75 %+15 %, on frise les 90 % de subventions !
Et 90 % de 155 millions d’euros cela
représente 8 000 années de SMIC (incluant les charges patronales !), soit le salaire de 200 personnes
au SMIC pendant 40 ans ! Cela représente même plus puisque Erscia, est exonéré de charges patronales
pendant 6 ans ! L’ensemble payé avec nos impôts ! Tout ça pour créer un maximum de 80 emplois
qui auront une durée probable de 10 ans, le tout en supprimant d’autre activités, en saccageant
l’environnement et l’avenir de nos enfants !
Si M. Jacob obtient ces subventions, nous pouvons gager que Sadry tiendra une bonne place dans les
prochains rapports de la Cour des comptes… Quelle gabegie à l’heure où l’on demande des efforts à
tous pour sortir le pays de l’ornière.

L’électricité dite « verte » à trois fois le prix du marché, financée
par les abonnés. Un modèle économique qui risque de s’effondrer
rapidement.

L’essentiel de l’économie du projet repose sur le prix de rachat de l’électricité dite « verte »
subventionnée par l’Europe au titre de la réduction des émissions de carbone. Or, les méga-structures
telles que Erscia, en raison de leur gigantisme, aggravent considérablement le bilan carbone du
fait de l’énorme activité de transports qu’elles nécessitent. Par ailleurs, le prix de rachat surévalué
encourage tous les excès et toutes les aberrations économiques et écologiques.
En effet Erscia :

  • achète sa matière première à 300 km à la ronde et il faut donc la transporter,
  • fabrique des pellets (granulés) à base de sciure verte qu’il faut sécher,
  • exporte ces mêmes pellets en Belgique (500 km) par contrat d’exclusivité avec Electrabel,
  • brûlent du bois pour fabriquer de l’électricité, soit la plus mauvaise utilisation du bois en terme de
    rendement énergétique.
  • Cette politique a été initialement conçue pour réduire rapidement le bilan carbone européen. Mais par
    ses effets pervers elle aboutit au résultat inverse et l’Europe, notamment à travers son Parlement,
    commence à en prendre conscience. Dans les années qui viennent, l’Europe et les États seront
    conduits à modifier cette politique et la rentabilité d’Erscia chutera… sauf à brûler toujours plus de
    déchets !
    Les extraits du livre blanc des énergies renouvelables réalisé par les syndicats des Énergies
    renouvelables montrent très clairement que cette politique n’a pas d’avenir.

    Pourtant des solutions existent

    Opposer environnement et création d’emplois dans le Morvan est une posture rétrograde et une
    aberration économique. Détruire les emplois de demain pour créer ceux d’aujourd’hui relève d’un
    comportement irresponsable.
    La richesse sera pour les années à venir dans les territoires qui auront su préserver l’environnement
    et la biodiversité qui deviennent de plus en plus rare. L’évolution du monde montre que cette richesse
    est à considérer comme un capital y compris un capital économique. Fort de ses 400 adhérents et
    des compétences qu’ils recèlent, Adret Morvan étudie les contributions au développement et à la
    création d’emplois dans le respect de l’environnement. Des propositions concrètes seront faites aux
    élus d’ici peu.